Adaptation du test de Martens en imagerie mentale

Il s’agit du « Sport imagery questionnaire », adapté de Martens (1982). Il ne date pas d’aujourd’hui, mais c’est une excellente base pour se familiariser avec l’imagerie mentale et faire le lien avec la pratique, petit à petit. Je vous invite à réaliser ce test de Martens vous-même, histoire de vous l’approprier, et de savoir en parler avec justesse, en trouvant les mots qui vous correspondent. Vous verrez aussi ses limites très rapidement, mais c’est une excellente nouvelle, car signe de progression (rapide !).

Se tester en imagerie mentale

Lisez les descriptions de 4 situations qui suivent. Pour chacune d’entre elles, imaginez la situation avec le plus de détails possible, en utilisant tous les sens (vision, audition, goût, odorat), pour faire des images les plus concrètes possible. Fermez les yeux, respirez calmement, et essayez d’imaginer la situation.

Quand cela est fait, entourez le chiffre qui correspond le mieux à la qualité de votre image :

1 = pas d’image.

2 = image reconnaissable, mais peu claire et peu persistante.

3 = image moyennement persistante.

4 = image claire et persistante.

5 = image vraiment claire et persistante.

Situation 1

Pratique individuelle sans aucune présence : choisissez une technique, un ensemble de mouvements de votre discipline. Fermez les yeux, respirez calmement, et imaginez-vous en train d’exécuter ce geste de façon la plus réaliste possible.

Après avoir fini l’imagerie de la situation décrite, évaluez les quatre dimensions suivantes en entourant le chiffre qui décrit le mieux l’image que vous avez eue (voir paragraphe précédent)

a. Avec quel degré de clarté vous êtes-vous vu pendant que vous faisiez cette activité ? 1,2,3,4,5

b. Quelle était la clarté des sons que vous avez entendus ? 1,2,3,4,5

c. Avec quel degré de clarté avez-vous imaginé vos sensations corporelles ? 1,2,3,4,5

d. Avec quel degré de clarté étiez-vous conscient de votre humeur ? 1,2,3,4,5

Se donner une note sur 5 à chaque fois (5 étant la meilleure note) !

Situation 2

Même principe, mais pratique en présence d’autres personnes (mentalement)

Situation 3

Imaginez une situation où vous regardez un coéquipier. (Variantes, vous pouvez faire une situation de réussite ou d’échec). Dans les premiers tests, il était demandé en effet de faire un exercice en situation d’échec. Déjà, il faut se questionner sur ce qu’est vraiment un échec, puisqu’on ne cesse de répéter que chaque erreur permet d’apprendre. Ensuite se répéter mentalement un échec est un peu inutile à mon sens, et quelques personnes le font déjà bien trop souvent pour apprendre quelque chose de très concret. Autant en profiter pour construire mentalement une situation qui vous semble plus apprenante, plus cohérente avec votre discipline.

Situation 4

Imaginez-vous en présence de vos coéquipiers et/ou adversaires à l’occasion d’une compétition. L’intérêt de cette situation est d’introduire le côté compétitif, pas forcément présent jusque-là. Dans les sports collectifs (dont le football), on est très rapidement sur des matchs, mais ce n’est pas le cas de certains sports pratiqués individuellement, en pleine nature par exemple. Normalement, vous devriez y parvenir très facilement.

Évaluation…ou plutôt synthèse sur le test de Martens

 Situation 1 (seul)Situation 2 (présences)Situation 3 (réussite)Situation 3 (échec)Situation 4 (compétition)Totaux
a. Visuel3334416/25
b. Auditif4400412/25
c. Kinesthésique2232413/25
d. Humeur3433417/25

Les questions qu’on peut se poser

Comment la plupart des tests, c’est bien de prendre un certain recul, d’avoir une vision plus large. D’abord expérimenter, ensuite adapter, et encore expérimenter, en fonction du sport, des sportifs, préférences, etc.

Le test de Martens est-il vraiment intéressant ?

Oui, parce que d’une part il nous montre, sans autre consigne, vers quoi notre cerveau nous oriente. En connaissant tous les critères « d’évaluation » (auditif, visuel, etc.), on nous suggère quelque part de faire une imagerie qui tendrait vers ces critères. Sauf que c’est difficile d’être focalisé à la fois sur du kinesthésique, de l’auditif, du visuel, et sur ses humeurs. Du coup, notre cerveau fait un choix, et comme on se projette en imaginaire vers ce qui nous paraît le plus réel possible, on peut déjà constater les critères qui prédominent dans telle ou telle situation.

Vous aurez remarqué qu’il n’est absolument pas question d’images olfactives et gustatives, mais qu’un des critères fait référence à l’humeur. Émotions, humeurs, états d’âme, sentiments, pas forcément simple de s’y retrouver, et c’est une très belle thématique de la préparation mentale d’ailleurs ! Ce qui compte, même si c’est très proche du côté kinesthésique finalement, c’est de savoir un peu ce qu’on ressent en imaginant cette situation. Parfois, c’est une sensation au niveau de la poitrine, d’autres fois c’est un relâchement total du corps, ou une tension.

Chez certains sportifs, il faudra vraiment prendre le temps de poser des mots sur les ressentis, même s’il est impossible de décrire exactement une humeur, ou une émotion par exemple. Mais c’est tout l’intérêt de la préparation mentale, pouvoir échanger, communiquer, avancer humainement. Dans cet ouvrage, nous resterons focalisés sur cet outil qu’est l’imagerie, et il ne sera pas question de gestion des émotions (sinon ce serait interminable). Ce critère de “l’humeur” est donc très important, car il permet aussi de « voir » si certains sportifs semblent plus attirés par le côté compétitif, si le fait d’imaginer une telle situation les rend plus forts mentalement (ou pas). Souvent, avec ce simple test, on a déjà une idée de ceux qui sont potentiellement « les champions de l’entraînement », et ceux qui sont complètement transformés à l’idée de jouer contre un adversaire. On sous-estime beaucoup le sens que certains peuvent donner à tout cela !

Quelles sont les limites de ce test de Martens ?

En fait, les forces de ce test sont exactement ses limites… c’est très général, et très vite il faudra demander lors des tests plus fins à imaginer une situation en tant qu’acteur, à vitesse réelle, ou en se focalisant sur l’auditif par exemple. Là, en démultipliant les situations mentales, on pourra se faire une idée vraiment précise des forces de chacun, et des points à améliorer (ou pas !). Je fais une parenthèse à ce sujet, trop nombreux sont ceux qui cherchent en permanence les limites, les problèmes, les problématiques d’un sportif, en ayant la conviction qu’en cherchant des solutions pour les supprimer ou les diminuer, ils seront mieux préparés. Si on réfléchit bien, passer deux ans à chercher des problèmes pour les résoudre en partie, ça laisse une impression étrange au cerveau…

Je pense aussi que les situations ne sont pas forcément adaptées à tous les sports, toutes les disciplines. C’est une belle occasion d’améliorer le test du coup. Bien sûr, j’ai quand même pris le temps d’évoquer le cas du test en situation d’échec, mais je vous laisse libre de gérer ces situations comme bon vous semble ! C’est une base, certes un peu ancienne, mais c’est aussi un excellent moyen de se projeter dans l’imagerie moderne, en partant d’un point de départ très correct. Je vous conseille vivement d’arriver à un protocole plus personnel, proche de votre environnement, de vos sportifs, des conditions.

On pourrait bien sûr lister d’autres limites ) ce test de Martens, mais ce serait perdre son temps, car l’intérêt n’est pas là. L’essentiel est dit, ou suggéré.

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